La démocratie participative dans le monde des entreprises

Le principe de démocratie participative s’installe de plus en plus dans le monde des entreprises. Il démontre ses forces et faiblesses au fil des années. Faisons un point sur ce dispositif, comment l’implémenter, ses avantages, limites ainsi que quelques exemples concrets.

Démocratie participative : définition

La démocratie, c’est quoi ?

Avant de parler de démocratie participative, il est important de rappeler ce qu’est la démocratie au sens large. Ce régime politique se caractérise par le pouvoir détenu ou contrôlé par le peuple. Une démocratie est fondée sur plusieurs principes comme la consultation régulière du peuple, la liberté individuelle, la séparation des pouvoirs ou encore la règle de la majorité.

Et la démocratie participative alors ? Qu’est-ce que c’est ?

Comme son nom l’indique, elle a pour vocation de faire participer les citoyens. La démocratie participative, par définition, va permettre d’impliquer davantage les membres d’une société via différentes actions. Elle se différencie alors de la démocratie représentative et de la démocratie directe. Dans cette dernière, les participants exercent le pouvoir sans aucun intermédiaire. Dans la démocratie participative, il y a un intermédiaire entre ces participants et l’application effective du pouvoir, ou, dans le cadre professionnel, l’application des actions décidées conjointement.
En termes politiques, cela se manifestera concrètement par l’extension du droit de vote. Dans le monde de l’entreprise, cette démocratie participative va favoriser la concertation dynamique (comme l’intelligence collective par exemple) et l’émergence d’idées nouvelles et constructives proposées par différents collaborateurs.
On parle d’ailleurs aussi de « démocratie d’entreprise » pour désigner son application en milieu professionnel. Un terme qui existe en vérité depuis les années 50 mais dont le sens a évolué en même temps que le monde entrepreneurial.

Démocratie participative : pourquoi l’appliquer à mon entreprise ?

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Toute entreprise fait face à de nombreux enjeux au quotidien. Le déploiement de cette démocratisation vise à répondre à plusieurs problématiques.

Pour éviter le sentiment de perte d’appartenance à l’entreprise

L’une des clés de la démocratie est, comme nous l’avons vu, de permettre à chacun d’intervenir et jouer un rôle sur le pouvoir en place. L’entreprise n’y fait donc pas exception, et y instaurer une démocratie participative a notamment pour but de redonner un sentiment d’appartenance aux salariés. Ces derniers peuvent se sentir mis à l’écart lors de prises de décisions, n’avoir le sentiment de n’être que des exécutants… ce qui va clairement impacter négativement leur motivation et leurs perspectives d’avenir.

Pour éviter ce ressenti, l’entreprise va alors mettre en place une culture d’entreprise et inviter tout un chacun à apporter ses idées sur son environnement de travail par exemple. La décision doit pouvoir être ouverte à une multitude d’acteurs. Ainsi, avec le déploiement de la démocratie participative en entreprise, on évitera d’isoler qui que ce soit et l’on décentralisera la prise de décision en y incluant de nombreux intervenants directement concernés. 
Les structures privées comme publiques s’inspirent de plus en plus des pratiques démocratiques pour justement pouvoir impliquer le plus grand nombre à cette dynamique améliorant la prise de décisions. 
Pouvoir prendre part concrètement aux décisions de l’entreprise est un excellent moyen de renforcer ce sentiment d’appartenance, et de voir que l’on y a un rôle supplémentaire à jouer, au-delà d’une simple fonction d’exécution.

Pour garder une prise de risque limitée

Une démocratie participative efficace en entreprise nécessite une organisation et une mise en place progressive. On va ainsi commencer à l’implémenter via des démarches simples comme un appel à proposition. L’entreprise ira progressivement vers des processus plus complexes comme un projet de co-construction incluant aussi des acteurs externes.

Pour limiter la prise de risque, il est également important de documenter le processus de prise de décision. Cette étape permet d’assurer une transparence envers les différents acteurs de cette démocratie participative qui verront concrètement l’intérêt de leur participation. 
Elle va aussi permettre de s’assurer que les promesses tenues et objectifs fixés soient bien réalisables et en cohérence avec la réalité de l’entreprise. Les parties prenantes connaissent les tenants et aboutissants de leur participation, l’importance de celle-ci et la concrétisation future de leur concertation.

Démocratie participative : comment l’appliquer à mon entreprise ?

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La démocratie participative va par définition impliquer plusieurs acteurs, voire beaucoup dans le cas d’une grande entreprise. On parle également de management participatif.

Aussi, pour l’appliquer correctement, il est conseillé de suivre les 6 étapes suivantes :

  • Faire participer les équipes : en tant que manager, n’arrivez pas avec d’ores et déjà des processus et un objectif fixés. Au contraire, essayez d’impliquer votre équipe de travail pour mettre en place le projet concerné et lui laisser le choix dans son organisation. Vos collaborateurs ont l’habitude d’être sur le terrain et connaissent très certainement la méthode la plus adaptée au projet en question. Cette implication des équipes est d’autant plus pertinente si vous déployez des méthodes agiles.
  • Privilégier des moments d’échange : la démocratie participative et ses avantages sont synonymes d’une bonne communication. Organisez des temps de rencontre, ou incitez les collaborateurs à les organiser eux-mêmes pour une meilleure implication. Ces moments d’échange permettront de répartir les taches efficacement et faire des points réguliers sur l’avancement du projet.
  • Garantir de bonnes conditions de travail : n’hésitez pas à prévoir également des temps d’écoute où chaque membre de l’équipe pourra partager son ressenti. Une bonne cohésion de groupe et un travail efficace passent notamment par de bonnes conditions de travail et le bien-être individuel de chaque collaborateur. Les temps d’écoute seront des instants privilégiés pour aborder les axes d’amélioration du cadre de travail et veiller à l’épanouissement de chaque membre dans l’équipe.
  • Définir des valeurs d’entreprise : pour rester dans cette démarche de démocratie participative, il est conseillé de définir la définition de ces valeurs avec vos collaborateurs. 
Celles-ci seront alors en accord avec les valeurs individuelles de chacun d’entre eux. Définir conjointement les valeurs de l’entreprise permettra de fixer un cadre quant au comportement à adopter mais aussi de comprendre l’importance de ce cadre. 
Les valeurs ne seront donc pas vécues comme une contrainte ou une obligation. Elles seront reconnues comme un ensemble de pratiques bénéfiques à la cohésion de groupe, au bien-être des collaborateurs et à la méthodologie de travail.
  • Apprendre à déléguer : on retrouve là l’un des principes mêmes de la démocratie. Tout en respectant un certain cadre, une partie du pouvoir possédé par la hiérarchie va être accordée aux collaborateurs. Ainsi, chaque membre de l’équipe va, à son niveau, participer à la prise de décisions. Ces dernières seront ensuite transmises à la direction et intégrées pour les grandes décisions de l’entreprise. 
La prise de décisions par les membres va s’inscrire dans la logique et la stratégie globales de l’entreprise, d’où l’importance par exemple d’avoir préalablement défini des valeurs, mis en place une culture d’entreprise et organisé des moments d’échange propices à la communication.
  • Favoriser l’autonomie des équipes face à un problème : une équipe autonome est une équipe capable de faire face à un problème, un obstacle, et de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour le surmonter. 
Les collaborateurs se concerteront pour trouver une ou des solutions adéquates face à la difficulté rencontrée. Pour permettre à votre équipe de savoir gérer les problèmes, il est conseillé de mettre en place des dispositifs de régulation disponibles individuellement et collectivement. Des solutions d’auto-contrôle renforceront l’efficacité de vos actions de management participatif.

Démocratie participative en entreprise : les avantages

democratie_participative_avantagesCe mode de fonctionnement va s’avérer bénéfique à la fois pour les salariés et pourl’entreprise dans sa globalité (y compris donc au niveau de la direction).

Les avantages pour les salariés

Les salariés vont tout d’abord se sentir valorisés en participant activement aux processus de décisions. Ils vont sentir que leur avis et leurs idées comptent, ce qui est doublement motivant pour participer à la vie de l’entreprise. Il est même reconnu que la démocratie participative a pour avantage de répondre aux besoins fondamentaux des collaborateurs (besoin de sécurité, d’estime, d’établir des liens sociaux et d’accomplissement personnel).

Ce droit à la parole permet une reconnaissance du salarié, un sentiment essentiel qui contribue à de bonnes conditions de travail et une motivation au quotidien. Le collaborateur se sent porteur du projet, et réel acteur, et non plus un simple exécutant.
En donnant aux salariés l’occasion de participer activement aux décisions de l’entreprise, vous contribuez également à l’égalité des chances et au respect de chacun, quel qu’il soit.

En termes de savoir-faire, la démocratie participative va stimuler la prise d’initiative et la faculté d’adaptation des équipes. Des compétences cruciales pour parvenir à avancer à la fois rapidement et efficacement sur un projet, y apporter des idées novatrices et savoir réagir en cas d’imprévu.

De manière générale, la démocratie participative va contribuer à un climat social bénéfique et bienveillant, améliorant la qualité de vie au travail et la confiance en soi pour les collaborateurs. Elle leur permettra aussi d’améliorer leurs compétences organisationnelles ainsi que leur autonomie.

Les avantages pour l’entreprise

En proposant aux salariés de participer activement aux décisions stratégiques de l’entreprise, cette dernière les implique davantage, ce qui contribue à renforcer la confiance que lui accordent ses collaborateurs.
Une entreprise qui applique la démocratie participative donne l’exemple d’une structure mettant l’humain au cœur de ses préoccupations. C’est donc également un moyen d’améliorer son image et attirer davantage de candidats qualifiés par exemple.

Enfin, cette méthode de management permet également à la structure elle-même d’apprendre à mieux piloter ses actions, être plus réactive (notamment face aux évolutions de son marché) et appliquer plus rapidement les décisions prises. 
De façon globale, la démocratie participative a pour avantage de permettre à l’entreprise un gain de performance, une meilleure efficacité et une meilleure productivité du fait d’équipes plus volontaires et autonomes.

Démocratie participative en entreprise… attention aux limites

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Malgré de nombreux avantages, cette méthode de management ne fait pas l’unanimité auprès de toutes les entreprises, et ce, pour plusieurs raisons.

En effet, c’est un processus qui est long et coûteux à implémenter. Le temps consacré aux séances de discussion doit pouvoir déboucher sur des prises de décisions qui font avancer l’entreprise. En revanche, c’est du temps durant lequel les salariés ne se consacrent pas sur leur cœur de métier, et ne sont donc pas productifs.

Autre limite : le consensus modéré. Récolter un ensemble d’avis suppose d’en recueillir parfois des diamétralement opposés. Trouver une solution tenant compte des avis de chacun va très souvent déboucher sur ce que l’on appelle un consensus modéré. Celui-ci peut se montrer moins efficace qu’une décision unique prise par exemple par un dirigeant.

Enfin, tous les salariés ne sont pas nécessairement enclins à prendre part aux décisions de l’entreprise. Certains ne vont tout simplement pas souhaiter s’impliquer ou être réfractaires au changement. Un manager ou dirigeant souhaitant implémenter la démocratie participative dans l’entreprise risque donc de se heurter à un manque d’intérêt ou de motivation de la part de certains collaborateurs. La mise en place de ce mode de management n’en est alors que plus délicate, voire compromise.

Démocratie participative : exemples concrets

Plusieurs grandes entreprises ont intégré la démocratie participative à leur mode de fonctionnement.

Sony a par exemple mis en place une plateforme de crowdsourcing dédiée à ses employés et commercialise des innovations issues des idées de ses collaborateurs. Sa FES Watch, lancée sur le marché en 2015, en est un exemple.

Air France a quant à elle invité ses salariés à voter pour ou contre le plan d’augmentation salariale concernant la direction. Plus récemment, son plan stratégique Perform 2020 a donné lieu à différents ateliers participatifs, discussions en interne et séminaires d’échanges pour permettre aux salariés d’être de véritables acteurs du changement et faire entendre leurs voix au sein du groupe Air France-KLM. Ce sont au total plus de 20 000 idées qui ont été rassemblées !

Autre exemple dans le secteur aérien : l’entreprise aérienne British Airways a quant à elle trouvé des moyens efficaces de réduire ses coûts grâce aux nombreuses suggestions apportées par ses collaborateurs. Elle a, elle aussi, déployé une plateforme prévue à cet effet et les employés ont été nombreux à proposer des solutions pertinentes comme réduire le poids des chariots ou détartrer les tuyaux des sanitaires pour réduire le poids des avions.

Enfin, chez les studios Pixar, la démocratie participative a permis de collecter les idées créatives de plusieurs collaborateurs. En plus du réalisateur et de l’équipe créative, le géant de l’animation invite chacun des 250 membres de la production à faire part de ses idées. C’est ainsi que l’idée du film « Là-haut » a pu émerger de façon totalement inopinée, et donnant lieu au succès cinématographique que nous connaissons tous !