S’inspirer des collectifs pour avancer, maintenant !

 

Quelle étrange sensation en cette fin de premier semestre 2023, dans ce petit territoire hexagonal que nous habitons… 

En dépit des différentes crises qui semblent s’accumuler (inflation, guerre, énergie…) et du sentiment de colère croissant dans notre pays, de nouveaux collectifs (citoyens, salariés, parties prenantes…) émergent, et s’engagent avec optimisme et détermination pour l’intérêt général. 

 

 

Nous venons d’en faire l’expérience avec la journée Nouveaux Récits organisée le 11 mai 2023 par l’Ademe, le festival Atmosphères et Valérie Zoydo dans le cadre du projet “Assemblée Citoyenne des Imaginaires” que nous sommes heureux d’avoir co-fondé.

 

 

 

La période que nous vivons, pleine de doute et d’incertitude, semble ainsi pouvoir s’appuyer sur un sol moins mouvant que les années précédentes. Peut- être car certaines choses commencent à être nommées, avec moins d’ambiguïté, sur la nécessaire modification du projet de société qui nous guidait depuis des décennies.

Plus ou moins consciemment, nous réalisons collectivement qu’il devient non seulement nécessaire mais urgent de fonctionner différemment. D’imaginer différemment. Et cela s’applique pour la première fois à toutes les échelles : individuelles (personnes physiques), mais également organisationnelles (personnes morales) et nationale (Etat). Notre intérêt général futur dépend de la meilleure coordination des actions de l’ensemble des acteurs, portées par un élan commun. Et pourquoi pas un jour, autour d’un projet de société commun.

Parmi tous ces acteurs, certains ont engagé une mutation accélérée depuis les premières intuitions de la nécessaire participation des entreprises à l’intérêt général, à rebours des thèses préalablement admises de laisser cet espace à d’autres acteurs pour se préoccuper prioritairement de la création de profit. Loi Pacte, raison d’être, entreprise à mission, …. La vague en cours est significative de ce changement de direction engagé, que seuls les pessimistes assimilent exclusivement à du green washing. 

Ce n’est que le début d’un mouvement, qui engage des modifications suffisamment structurelles de nos habitus traditionnels, et nous engage donc à rester humble sur son analyse. Nous n’en sommes encore qu’à l’enfance, peut-être au début de l’adolescence. La question que les optimistes de combat doivent se poser est plutôt celle des conditions nécessaires à réunir pour faire grandir ce mouvement, et, peut-être, lui permettre d’arriver à l’âge adulte.

Quatre ingrédients nous semblent émerger en ce moment qui, réunis et amplifiés, pourraient peut être permettre d’accélérer ces transitions nécessaires et que nous appelons de nos voeux.

 

Un collectif solide et solidaire.

Les organisations privées ne peuvent qu’observer, et c’est le cas de nombre de celles avec lesquelles nous échangeons : un collectif solide doit être cimenté pour permettre d’impulser une direction nouvelle. Ce collectif est évidemment représenté par l’ensemble des collaborateurs, d’où la vague croissante de dispositifs d’intelligence collective et de co-construction mis en oeuvre en matière de réflexion à moyen et long terme : raison d’être, plan stratégique, plan sobriété…

En 2023, il doit être complété par de nouveaux dispositifs de consolidation du collectif managérial, afin de permettre une opérationnalisation efficace de ce cadre d’intention. Et une capacité améliorée à prendre des décisions d’arbitrage rendues plus complexes par la fin programmée de l’économie d’abondance dans laquelle nous avons vécu jusqu’aux années récentes. Ces dispositifs sont nécessaires à double titre : d’abord pour dépasser les logiques d’ego qui prévalent souvent au sein des directions d’entreprise.

Également, pour permettre d’envisager collectivement de modifier le cadre d’analyse classique de performance économique dont les sous-jacents sont trop souvent exclusivement court termistes. Les pionniers de demain actualiseront sans doute différemment le temps.

 

Le dialogue parties prenantes.

Par ailleurs, de plus en plus d’organisations constatent la nécessité de ne plus raisonner exclusivement en circuit fermé, mais en logique d’interaction et de concertation avec leurs parties prenantes principales. Celles-ci peuvent être leurs clients ou leurs actionnaires bien sûr, mais aussi leurs collaborateurs (logique de promesse employeur), également des représentants souvent associatifs des intérêts de la planète.

Ces logiques de coalition cherchent un graal, celui de la résolution non conflictuelle des zones d’intérêt particulier de chacune des ces parties prenantes. Les logiques modernes d’identification lors d’ateliers d’intelligence collective des communs et des controverses sont des moyens efficaces de mettre en évidence notamment les interdépendances entre chacune des parties prenantes, et donc le socle le plus adéquat pour résoudre ensemble des problèmes communs.

 

Un nouveau récit.

Nous avons évoqué précédemment les logiques associées à la vague en cours des effets induits par la loi Pacte. Il s’agit à ce stade encore souvent de discours se voulant performatifs. En revanche, les mécaniques mises en œuvre dans ces organisations ont permis de tracer un chemin méritant d’être poursuivi. Certes, les raisons d’être définies par ces organisations ne sont que des mots. Mais les mots engagent en partie, notamment parce qu’ils sont lus par les collaborateurs, les clients et les autres parties prenantes de ces organisations.

Mais, et surtout, car si les processus de révélation de ces raison d’être ont été bien réalisés, alors ils ont mécaniquement commencés à mettre en évidence des preuves déjà existantes de changement de perspective : telle activité de telle BU, tel projet porté par un collaborateur jusqu’alors totalement non identifié par le comex…

 

De l’envie, beaucoup d’envie.

Les trois logiques proposées doivent être consolidées pour créer de l’envie pour que cela fonctionne et mette en mouvement les acteurs dans leur quotidien.

Notre capacité de résolution de problème dépend en grande partie de l’enthousiasme que nous avons (en tant que citoyens, parents, collaborateurs…) à résoudre les défis auxquels nous sommes confrontés.

En matière de transition écologique notamment, il est absurde de considérer que la seule logique à mettre en place est celle de la création de processus susceptibles de nous faire progressivement gagner en sobriété, à récit constant.

Absurde, mais risque réel pourtant. En période de risque et d’incertitude, et il n’y a pas de contre exemples historiques, l’Homme a toujours réagi prioritairement en mettant en place des process, qui présentent l’infini avantage de nous rassurer. Puisqu’ils permettent de rendre tangible une direction. Ces process sont nécessaires bien sûr. Mais ils doivent être la résultante (et non la cause) d’un nouveau récit qui crée l’enthousiasme préalablement évoqué.

Ce récit n’est pas unique. Il est l’entrelacement des récits proposés par toutes celles et ceux qui aujourd’hui inventent déjà le monde habitable dans lequel nous et nos enfants habiterons demain. Il devient impératif de les collecter, de les rendre visibles, et de s’en inspirer pour avancer. 

Ensemble. Maintenant !

Maxime Barbier & Antoine Brachet