Innovation & Impact: pilule bleue, pilule rouge et implication des parties prenantes

Je souhaite ici rebondir sur mon post récent inspiré de la lecture du livre de Franck AGGERI – L’Innovation mais pour quoi faire ?, aux Éditions du Seuil – à propos de la « bascule » radicale à opérer par les équipes et Directions de l’Innovation dans les entreprises.

 

1. LE CONSTAT

 

Le post porte sur le changement qui s’impose nécessaire de sortir plus vite que prévu d’une innovation purement technologique et managériale qui vise toujours plus de croissance, de différentiation technique et marketing, de captation de valeur financière aussi éphémère soit-elle, qui fait l’hypothèse de ressources infinies au service d’une économie linéaire et qui mobilise des approches créatives et collaboratives à ces fins. Il prône qu’il est urgent désormais de se dédier plutôt à:

 

  • La réduction d’une dette écologique et humaine comptablement évaluée,
  • Une Tech dédiée à la durabilité des produits et aux impacts, voire les « Low Tech »,
  • Des modes de consommation résolument basés sur la sobriété,
  • L’hypothèse de ressources limitées et des principes issus de l’économie circulaire,
  • L’implication beaucoup plus systématique, transparente, large et plus amont des parties prenantes pour chercher à vraiment anticiper les impacts futurs de ces innovations.

 

J’ai commencé à formaliser un référentiel (en cours de finalisation) pour différencier ces deux grands types de stratégie et de gestion de l’innovation, certes de manière un peu caricaturale, quoique… que j’appelle pour l’instant « L’innovation Pilule Bleue » et « L’innovation Pilule Rouge » en clin d’oeil au film culte Matrix et à ce moment emblématique du choix que Morpheus propose au héros Noe.

 

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2. L’OBJET À TRANSFORMER: VOTRE GRILLE DE CRITÈRES D’ÉVALUATION DES PROJETS D’INNOVATION

 

Une manière de comprendre et prendre conscience dans quelle catégorie l’on se trouve est sans doute ce moment d’évaluation des projets, qu’ils soient issus d’un concours d’idées interne ou bien d’un programme de partenariat entre un grand groupe et des startups.

Ce moment où on utilise une grille d’évaluation avec une liste de critères précis et prédéfinis. Dans la grille utilisée par une entreprise de type Pilule Bleue, on trouverait probablement les critères suivants:

 

  1. La valeur ajoutée (perçue) pour les clients ou les utilisateurs finaux.
  2. La faisabilité technique avec des technologies existantes ou si des développements supplémentaires sont nécessaires.
  3. La faisabilité financière: ROI à court et moyen terme.
  4. Les avantages concurrentiels et comment le projet se différencie de la concurrence existante.
  5. Le temps nécessaire à sa mise en œuvre: notion de « délais raisonnables ».
  6. Les risques potentiels et leur impact sur la réussite du projet.
  7. L’alignement avec les objectifs stratégiques de l’entreprise et s’il contribue à améliorer la position de l’entreprise sur le marché.

 

En guise d’illustration d’autres critères qui pourraient être utilisés par une entreprise de type « pilule rouge », voici celle élaborée par le Cerema dans le cadre de son accompagnement de l’innovation territoriale :

 

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3. LA CO-CONSTRUCTION DE LA V2 AVEC LES PARTIES PRENANTES

 

Je suis convaincu que l’élaboration d’une nouvelle grille de critères est une opportunité formidable d’impliquer largement les parties prenantes:

  • L’ensemble des directions et métiers de l’entreprise (au-delà de l’innovation)
  • L’ensemble des collaborateurs: quoi de mieux pour se réaligner sur la bonne culture d’innovation à développer
  • Les clients qui se sentiront impliqués sur la manière dont les services et produits de demain émergeront
  • Les fournisseurs à qui ont donne les directions à prendre dans leurs ropres développements
  • Etc.

 

Je recommande d’ailleurs d’organiser une consultation en ligne visant à les inviter à l’élaboration de cette nouvelle grille avec par exemple les questions suivantes:

 

  1. Quels critères considérez-vous comme essentiels pour définir une innovation durable et responsable ?
  2. Comment définiriez-vous le succès d’un projet innovant axé sur la durabilité et la responsabilité sociétale ?
  3. Quels sont, selon vous, les principaux obstacles à l’innovation durable et responsable dans votre secteur ?
  4. Quels sont les indicateurs clés de performance (KPI) que vous utiliseriez pour mesurer le succès d’un projet innovant en matière de durabilité ?
  5. Quelles sont les meilleures pratiques ou exemples d’innovation durable et responsable que vous avez observés dans votre secteur ou ailleurs ?
  6. Comment intégreriez-vous les principes de l’économie circulaire dans l’évaluation et la sélection des projets d’innovation ?
  7. Comment l’innovation durable et responsable pourrait-elle être intégrée dans la stratégie globale de votre entreprise ?
  8. Quel rôle les différentes parties prenantes (par exemple, les employés, les clients, les fournisseurs, les investisseurs, la communauté locale, etc.) devraient-elles jouer dans l’innovation durable et responsable ?
  9. Quels types de soutien ou de ressources seraient nécessaires pour favoriser l’innovation durable et responsable dans votre entreprise ?
  10. Comment pensez-vous que le processus d’innovation dans votre entreprise pourrait être modifié pour mieux soutenir la durabilité et la responsabilité sociétale ?

 

4. L’OPPORTUNITÉ D’INTÉGRER CETTE NOUVELLE GRILLE DANS LES REPORTING RSE

 

Enfin, une fois définie, cette nouvelle grille pourrait constituer un élément pertinent à communiquer à ses parties prenantes mais aussi à inclure pro-activement dans les reporting RSE existants et à venir (tel que le CSRD). Bien entendu, un processus de suivi et d’indicateurs relatifs à la bonne application de cette grille restera à être défini et piloté.

 

Et votre entreprise, où en est elle: plutôt pilule bleue ou pilule rouge ?