Francophonie de l’avenir : une grande consultation à 10 000 participants

Atteindre 121 000 jeunes, réunir 10 000 participants et organiser 100 ateliers en deux mois : nous l’avons fait aux côtés de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ! Découvrez les coulisses de cette consultation hors norme qui a rassemblé des jeunes de 134 pays autour d’un sujet clé : la Francophonie de l’avenir.

Une démarche associant de nombreux partenaires et incarnée par la jeunesse

À l’occasion du cinquantenaire de la Francophonie, l’OIF a souhaité lancer une grande consultation auprès des jeunes francophones (de 15 à 35 ans). Le but : interroger leur sentiment d’appartenance à la Francophonie, et comprendre leurs préoccupations actuelles et futures.

« En 2060, 75 % des francophones auront moins de 30 ans »

Pour l’OIF et ses partenaires (notamment l’APF, l’AUF, TV5 Monde, l’Université Senghor, l’AIMF, la CONFEMEN et la CONFEJES), l’objectif était de se rapprocher du terrain en donnant la parole à des jeunes francophones de plus en plus nombreux et de récolter leurs idées en faveur de la Francophonie de l’avenir. Ceci autour de questions clés : qu’est-ce qu’être francophone aujourd’hui et demain ? Comment la Francophonie peut-elle répondre aux enjeux de la planète : promouvoir le vivre-ensemble, protéger l’environnement, donner accès à l’éducation et au numérique, créer de l’emploi, soutenir la paix et l’égalité entre les femmes et les hommes ?

Pour l’OIF, c’était également une première dans l’expérimentation des méthodologies d’intelligence collective citoyenne à l’échelle des 88 Etats et gouvernements membres de l’organisation.

Pour être à la hauteur de ce défi – a fortiori dans le contexte de la pandémie mondiale de Covid-19 – il a fallu être créatif et tout miser sur l’engagement !

Le 13 mai 2020, la plateforme de consultation de Francophonie de l’avenir a été lancée ! Pour proposer une expérience à la fois ludique et utile, plusieurs rubriques de participation ont été proposées. Les jeunes avaient la possibilité de répondre à un questionnaire rapide (10 minutes), via notre technologie Assembl Flash. Celui-ci était composé de questions simples et ludiques se rapprochant du quotidien des participants en les interrogeant sur leurs goûts et valeurs : « Pour toi, la Francophonie, c’est… » ; « Peux-tu nous citer une personnalité francophone qui t’inspire ? » ; « À l’horizon 2050, comment imagines-tu l’espace francophone ? ». Ils pouvaient également débattre, écrire, dessiner ou participer à une centaine d’ateliers – numériques et présentiels.

 

L’OIF et ses partenaires se sont aussi appuyés sur un réseau de jeunes ambassadeurs volontaires et engagés, qui ont relayé, participé et organisé des ateliers afin de promouvoir la démarche. Pour créer et animer cette communauté, l’OIF s’est appuyé sur son propre réseau, via les acteurs de la Charte de la Francophonie, mais aussi sur des membres de la société civile. Toute personne le souhaitant pouvait par ailleurs rejoindre la communauté des ambassadeurs de la démarche, quelle que soit sa fonction.

Cette ouverture a été appréciée et a créé une réelle émulation entre des jeunes de différents pays qui avaient à cœur d’animer la démarche. Au Cameroun, une rencontre a ainsi été organisée avec le rappeur Mink’s ; au Liban, un atelier d’écriture s’est tenu avec la journaliste Fifi Abou Dib. Soprano a aussi été invité par l’UNICEF a relayer cette grande démarche auprès de sa communauté sur les réseaux sociaux.

Atelier pour la francophonie de l'avenir photo de groupe

Atelier organisé à l’Université nationale du Vietnam à Hanoï avec plus de 90 étudiants

Parmi les enjeux chers aux yeux de l’OIF, l’inclusion des publics peu connectés à une telle démarche numérique de grande ampleur. Pour les atteindre, des milliers de formulaires papier ont été distribués lors d’ateliers présentiels, pour inclure près de 2 000 jeunes peu ou pas connectés, et ainsi diversifier le public touché par la consultation.

Enfin, une identité visuelle très dynamique à destination de la cible jeune avec des couleurs vives, un ton léger dans les messages, l’usage d’emojis, le choix du slogan “Ta voix compte” et la campagne massive sur les réseaux sociaux ont séduit les jeunes.

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La voix de la jeunesse s’est exprimée avec force, reflétant la diversité et la richesse de la Francophonie

 

Qu’est-ce que la francophonie ?

Après deux mois et demi de mobilisation intense, plus de 120 000 jeunes ont été touchés par cette démarche, notamment grâce aux réseaux sociaux. Au total, plus de 10 000 participants de 134 pays ont exprimé leur voix. Au-delà de la participation en ligne, près de 100 ateliers, en majorité tenus à distance, ont été organisés depuis 18 pays.

La participation a également été représentative de la diversité de la jeunesse francophone. Les cinq pays (France, Burkina Faso, Maroc, Vietnam, Roumanie) qui ont le plus contribué appartiennent à des continents différents. La parité a été atteinte et les 15-18 ans ont presque autant partagé que leurs aînés.

Sur le fond, la langue française s’est avérée le socle incontestable de la Francophonie. Les jeunes ont à cœur de la promouvoir, d’amplifier son enseignement et de la défendre.

Ils sont aussi unis par le souhait d’un monde meilleur et sont attachés à servir leurs sociétés. Après la langue, les principaux socles d’appartenance à la Francophonie sont ainsi le partage d’une culture, de valeurs et de causes.

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Une génération consciente des enjeux futurs

Concernant leurs attentes et propositions, les enjeux d’éducation et d’emploi sont massivement partagés par les jeunes, indépendamment de l’âge, du sexe ou de la situation. Viennent ensuite la santé, le social, l’environnement… Les jeunes francophones souhaitent aussi faire davantage communauté. Ils se sentent proches les uns des autres, ont envie de se rencontrer. Ils aspirent à une société plus inclusive. Les discriminations économiques, sociales, sexuelles, le racisme et la fracture numérique font partie des sujets récurrents qu’ils abordent.

Au-delà de ces enseignements, la démarche nous a aussi permis de mieux comprendre les dynamiques de participation de la jeunesse. Les jeunes ont manifesté une confiance dans l’avenir et un esprit concret. Ils se sont projetés, ont proposé et incité à l’action de manière constructive et positive. Les participants ont témoigné d’une réelle envie d’être écoutés et consultés davantage. Ils expriment une conscience politique forte, qui passe par l’interpellation voire l’indignation.

« Le grand souci de la jeunesse aujourd’hui, c’est l’emploi. J’ai été très positivement surprise que la jeunesse francophone s’intéresse beaucoup aux questions de l’environnement et ait envie d’évoluer dans un environnement sain. » Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie

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Une restitution des résultats de cette consultation a été organisée le 22 décembre 2020. Au programme notamment : des duplex en direct d’Haïti, du Liban, du Canada ou encore du Rwanda, donnant la parole à des jeunes engagés sur les enjeux de la francophonie. Vous pouvez regarder le replay ici !

Pour consulter la synthèse visuelle, rendez-vous ici.

« Se sentir entendu est primordial pour toute la jeunesse, et voir nos espoirs prendre forme par le biais de projets qui puissent nous inclure serait magnifique. » Un participant

« Le monde francophone ne peut pas se construire sans la participation massive de la jeunesse au cœur des mouvements. Impliquer les jeunes dans la francophonie c’est garantir son avenir. » Un participant

 

« Cette consultation au format et à l’ampleur inédits nous a permis de renouveler les bases de notre dialogue avec les jeunes. Elle constitue désormais un point de départ car nous souhaitons poursuivre un dialogue permanent avec les jeunes et traduire les résultats de la consultation en projets concrets. » Fatima Aouidat, Spécialiste de programme – Unité jeunesse, sport et citoyenneté – (OIF)

Analyser la voix de 10 000 jeunes : notre méthodologie

Plusieurs défis se présentaient à nous pour restituer la voix de la jeunesse francophone :

  • la masse des contributions : plus de 70 000 contributions à analyser en un temps record !
  • la variété des formats d’expression : des réponses à des questions fermées, ouvertes, des contributions libres au débat en ligne, des récits de projection… à croiser et synthétiser
  • la diversité des profils : des jeunes d’âge, sexe, situation et zone géographique différents, dont la spécificité de parole devait être restituée

Pour faire face à la masse des contributions, nous avons pu mobiliser notre technologie Assembl Flash. Elle a permis l’analyse sémantique des réponses aux questions fermées et ouvertes, en regroupant les réponses obtenues par unités de sens… soit plus de 90% des contributions. Les réponses restantes ont ensuite fait l’objet d’une analyse textuelle.

Enfin, une analyse par segments a permis de repérer des tendances spécifiquement liés à une catégorie d’âge, un sexe, une situation ou une zone géographique.

Bien loin donc des clichés qui leur sont associés (repli sur soi, désengagement, individualisme…), les jeunes ont ainsi toute leur place dans le débat public, à condition d’être bien mobilisés !

Vous pouvez découvrir la synthèse de la consultation ici !

Article co-écrit avec Gabrielle Scharfmann