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A bustling, technologically-advanced municipal building with citizens, officials, and virtual assistants collaborating in a hybrid space that combines human warmth and innovative technology. Smart city-hall

L’IA et la ville de demain : une opportunité de mieux vivre ensemble?

Ce texte est adapté d’une audition réalisée pour le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESEL) de Boulogne-Billancourt.

 

Nous sommes à un carrefour décisif de l’évolution urbaine. Chaque jour, nos villes génèrent des volumes exponentiels de données qui, il y a encore quelques années, demeuraient largement inexploitées. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle transforme ces données en leviers stratégiques qui redessinent profondément l’expérience citoyenne.

Cette révolution silencieuse bouleverse déjà le fonctionnement de nos collectivités. À Issy-les-Moulineaux, un assistant virtuel répond instantanément aux interrogations des habitants 24h/24. À Plaisir, un callbot traite désormais 500 appels quotidiens là où seuls 20% étaient auparavant décrochés. À Montpellier, 40 citoyens tirés au sort co-construisent la stratégie d’IA de leur métropole.

La question posée en titre dépasse largement le cadre technologique :l’intelligence artificielle peut-elle nous permettre de mieux vivre la ville ensemble?

Cette interrogation n’est pas anodine – elle touche au cœur même de ce qui fait l’essence d’une cité : sa capacité à forger un destin collectif où chacun trouve sa place.

La transformation de l’image des villes par l’IA

À l’heure où nous parlons, une nouvelle géographie urbaine se dessine – non plus fondée uniquement sur des atouts physiques, mais sur la capacité des territoires à exploiter intelligemment leurs données.

Prenons l’exemple d’Issy-les-Moulineaux, dont la trajectoire numérique est particulièrement révélatrice. Cette ville n’a pas attendu l’essor récent de l’IA pour façonner son identité numérique. Pionnière dès 1996 avec son premier site web municipal, elle a constamment innové jusqu’à « IssyGPT », son assistant municipal à IA générative déployé pour seulement 14 000 euros.

À New York, l’administration Adams affiche clairement son ambition stratégique de leadership en matière d’IA urbaine à travers son AI Action Plan, se positionnant explicitement comme « la première grande ville américaine dotée d’un plan global pour l’IA« .

Ces exemples illustrent une mutation fondamentale : l’IA devient un marqueur territorial aussi structurant que les infrastructures physiques. Les villes sont désormais valorisées non seulement pour leur patrimoine, mais pour leur capacité à créer des interactions numériques fluides, personnalisées et efficientes.

Cette transformation soulève néanmoins des questions stratégiques cruciales.La première concerne l’équité territoriale. Si certaines collectivités s’engagent résolument dans cette voie, d’autres, contraintes par des limitations budgétaires ou techniques, risquent de rester en marge.

Comme le souligne le rapport sénatorial de 2025 sur « L’IA et l’avenir du service public« , nous courons le risque de créer une nouvelle fracture territoriale – non plus seulement numérique, mais algorithmique. Et cette disparité pourrait s’avérer particulièrement préjudiciable lorsqu’il s’agit d’attirer talents, entreprises et investissements.

Le deuxième défi touche à l’authenticité territoriale. Comment maintenir l’identité historique et culturelle d’une ville tout en embrassant la modernité numérique? Comment éviter une standardisation des interfaces urbaines qui effacerait les particularismes locaux?

La tension est réelle entre universalisme technologique et singularité territoriale.

Enfin se pose l’enjeu de l’équilibre entre innovation et inclusion. Comme l’a justement souligné Christine Lavarde, présidente de la délégation à la prospective du Sénat : « l’IA peut apporter des réponses aux collectivités, mais nécessite d’apporter de l’intelligence individuelle pour emporter l’adhésion d’un territoire. » Cette remarque pointe avec acuité notre responsabilité collective : transformer nos villes sans laisser personne au bord du chemin.

 

 

Fusion sémantique et IA générative : l’expérience citoyenne transformée

 

Nous assistons à une transformation radicale des interfaces entre services publics et usagers. Ces interfaces ne se contentent plus de reproduire numériquement des processus administratifs traditionnels – elles réinventent entièrement l’expérience citoyenne.

À Buenos Aires, le chatbot municipal « Boti« , déployé sur WhatsApp, est devenu un canal privilégié entre habitants et administration, enregistrant jusqu’à 11 millions de conversations mensuelles. En intégrant l’IA dans une plateforme de messagerie déjà massivement adoptée, la ville a considérablement abaissé la barrière d’entrée vers les services municipaux.

À Zurich, ZüriCityGPT combine une base de connaissances locale avec un modèle de langage avancé pour formuler des réponses contextualisées, comprenant véritablement l’intention de l’usager. Ce n’est plus une automation rudimentaire – c’est une conversation numérique authentique avec la ville.

Les bénéfices de l’IA ne sont pas réservés aux grandes villes. En milieu rural ou dans les communes à faibles effectifs, des solutions émergent pour automatiser la production de contenus adaptés. Par exemple, l’éditeur français Berger-Levrault a conçu WeMagnus, un assistant à IA générative destiné aux secrétaires de mairie des villes de moins de 5 000 habitants. Déployée en mode SaaS et entraînée sur l’ensemble des données métier de la collectivité (logiciels de gestion, documentation réglementaire, archives locales…), cette IA répond en langage naturel aux questions du personnel municipal. Elle peut par exemple retrouver instantanément un article de règlement ou les étapes d’une procédure administrative, là où la recherche manuelle aurait pris du temps. Conçue avec l’appui de l’institut public de recherche Inria, WeMagnus fournit des réponses fiables et instantanées, en s’appuyant sur des contenus validés et à jour. L’outil vise à soulager les employés communaux des recherches fastidieuses et à accélérer le traitement des demandes des administrés. D’après Berger-Levrault, 18 000 communes (petites villes, intercommunalités…) pourraient adopter cette solution d’ici fin 2024 – un indicateur fort de l’intérêt du secteur public local pour ces technologies sémantiques.

En parallèle des chatbots, l’IA commence à être exploitée pour personnaliser la communication municipale. Par exemple, certains sites web publics explorent la recommandation de contenus ciblés en fonction du profil ou des recherches de l’usager (agenda sur mesure, alertes locales, etc.). De même, des projets pilotes utilisent l’IA pour générer automatiquement des synthèses ou articles à partir de données brutes (comptes rendus de conseils municipaux, rapports budgétaires vulgarisés pour le grand public, etc.). Si ces usages en sont encore à leurs balbutiements en 2025, ils laissent entrevoir des services hyper-contextualisés, où chaque citoyen pourrait recevoir l’information municipale la plus pertinente selon sa situation. L’IA générative, couplée aux données locales, permettrait ainsi de produire des contenus « à la demande » (textes, infographies, vidéo ou audio) pour mieux informer et engager la population.

Cette fusion sémantique transforme fondamentalement la dynamique relationnelle entre institutions et administrés selon trois axes majeurs :

  1. La temporalité redéfinie : L’administration devient une présence continue dans la vie des citoyens
  2. La personnalisation sans précédent : Chaque citoyen reçoit l’information municipale la plus pertinente selon sa situation
  3. La réduction des frictions administratives : L’IA générative devient un intermédiaire fluide entre le jargon administratif et le langage naturel des citoyens

 

 

Mieux vivre ensemble dans un espace public augmenté

L’intelligence artificielle transforme radicalement notre capacité à gérer les biens communs qui définissent notre qualité de vie urbaine.

À Metz, le projet ViPARE révolutionne l’approche de la propreté urbaine. En remplaçant une collecte manuelle subjective par une méthode automatisée, la municipalité messine a développé une application permettant aux opérateurs et aux citoyens de cartographier précisément l’état des espaces publics.

Dans le Val d’Oise, le Syndicat Mixte Val d’Oise Numérique exploite des vues satellitaires haute résolution analysées par IA pour lutter contre les dépôts sauvages. Cette solution évalue leur volume, signale leur proximité avec les zones écologiquement vulnérables et permet des interventions ciblées et stratégiques.

Au-delà de l’optimisation des services, nous assistons à l’émergence d’un nouveau paradigme de gouvernance territorialel’IA devient un catalyseur d’intelligence collective. L’exemple de Montpellier mérite particulièrement notre attention. La métropole occitane a lancé une démarche pionnière en organisant une Convention Citoyenne sur l’Intelligence Artificielle. Quarante citoyens tirés au sort, représentatifs de la diversité territoriale, ont été mandatés pour répondre à une question fondamentale : « Quelle intelligence artificielle au service des habitants et du territoire ? » (lire le rapport).

 

 

 

La mairie phygitale de demain

Quel sera le visage physique de nos institutions locales à l’ère de l’IA généralisée ? La désintermédiation numérique n’implique pas nécessairement la disparition des lieux physiques, mais leur transformation radicale pour incarner des valeurs distinctives que le numérique seul ne peut offrir.

 

Projetons-nous dans la collectivité territoriale des années 2030-2035, où l’IA sera omniprésente. Trois principes structurants devraient guider cette transformation :

A bustling, technologically-advanced municipal building with citizens, officials, and virtual assistants collaborating in a hybrid space that combines human warmth and innovative technology. Smart city-hall

  1. Une redéfinition fondamentale des espaces : la mairie de demain ne sera plus ce bâtiment administratif souvent intimidant, mais un lieu hybride combinant chaleur et efficacité
  2. Une revalorisation du capital humain : nos agents territoriaux se recentreront sur des missions à haute valeur humaine
  3. Une continuité parfaite entre numérique et présentiel : le citoyen pourra initier une démarche en ligne, la poursuivre en personne, et la finaliser via un assistant virtuel

 

Trois catégories de services resteront fondamentalement irréductibles à la seule dimension numérique : 

  1. Les services nécessitant une médiation complexe face à des situations atypiques que l’IA, même la plus sophistiquée, peinera à appréhender pleinement

  2. Les moments civiques symboliques qui fondent notre pacte républicain et nécessitent un ancrage physique et solennel

  3. Les services d’accompagnement pour les populations vulnérables ou éloignées du numérique, pour lesquelles la présence humaine reste irremplaçable.

Équilibrer efficacité et humanité

Face à ces transformations d’une ampleur sans précédent, trois principes directeurs doivent guider notre action collective :

  1. Maintenir l’autonomie stratégique locale : L’IA territoriale doit refléter l’identité, les besoins et les aspirations spécifiques de chaque territoire
  2. Placer la co-construction au cœur de la démarche : Son acceptation dépendra de notre capacité à impliquer les habitants dans la définition de ses usages
  3. Préserver la dimension humaine du service public : L’IA doit demeurer un outil d’assistance – jamais un substitut aux relations humaines qui fondent notre pacte social

L’intelligence artificielle dans nos villes n’est pas une simple évolution technique – c’est un choix de société fondamental. Elle peut accentuer l’anonymisation urbaine ou, au contraire, devenir un puissant vecteur de lien social renouvelé. Elle peut créer de nouvelles fractures territoriales ou, inversement, réduire les inégalités d’accès aux services publics.

La responsabilité qui nous incombe est considérable. Elle nous invite à dépasser la simple fascination technologique pour construire collectivement une vision stratégique où l’IA devient un instrument d’émancipation citoyenne et d’intelligence territoriale partagée.

Alors que nous nous engageons dans cette transformation décisive, rappelons-nous cette vérité essentielle : la ville la plus intelligente ne sera jamais celle qui déploie les algorithmes les plus sophistiqués, mais celle qui les met au service d’une ambition collective plus haute – celle de renforcer ce qui fait l’essence même de nos cités : leur capacité à nous faire vivre ensemble.

 

Construisons ensemble votre ville augmentée

Vous êtes une municipalité de petite, moyenne ou grande envergure et vous souhaitez engager des réflexions sur l’intégration de l’IA dans votre ville ? bluenove peut vous aider et vous accompagner à :

  • Consulter vos citoyens et parties prenantes : réaliser une consultation auprès des citoyens et de la société civile pour comprendre leurs questions, leurs attentes et leurs priorités
  • Co-construire votre stratégie : élaborer une feuille de route de l’intégration de l’IA au sein des services avec vos agents et vos administrés
  • Former vos équipes : animer des ateliers à destination de vos agents territoriaux pour la prise en main de l’IA générative (Mistral) en local ou sur internet
  • Innover concrètement : Créer un hackathon pour prototyper des cas d’usages d’utilisation de l’IA par les agents territoriaux et les administrés

N’hésitez pas à nous contacter pour échanger sur vos projets et besoins ([email protected]).