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✨La Convention citoyenne sur les temps de l’enfant s’achève après cinq mois de travail au CESE. Découvrez le rapport 

La preuve par la délibération : ce que la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant révèle vraiment

Pendant cinq mois, 133 citoyennes et citoyens ont travaillé au CESE sur un sujet que tout le monde croit connaître : le temps de l’enfant. Les journées, les rythmes, les transitions, les pauses, la fatigue, les environnements scolaires, la coordination entre les acteurs… Rien n’est plus familier, et pourtant rien n’est aussi peu interrogé.

Cette Convention citoyenne a rouvert ce dossier avec une profondeur, une honnêteté et une cohérence rarement atteintes dans les processus institutionnels. Et si son rapport, riche et structuré, est désormais disponible, l’élément le plus marquant n’est peut-être pas le contenu.
Le plus marquant, c’est la méthode.

Chez bluenove, c’est exactement ce que nous observons : lorsqu’elle est conçue et accompagnée avec rigueur, la délibération produit un raisonnement collectif impossible à générer autrement. Et cette Convention en est une démonstration magistrale.

 

1. La délibération produit de la lucidité

 

La première force du dispositif : il oblige à regarder le réel de près.
Les 133 citoyennes et citoyens n’ont pas traité “le temps de l’enfant” comme un concept abstrait. Ils sont partis de situations précises, vécues, observées, partagées :

  • le temps d’attention disponible dans une journée d’école,

  • la mécanique de la fatigue, souvent invisible,

  • les transitions (trop nombreuses, trop courtes ou trop longues),

  • les inégalités invisibles créées par les horaires,

  •  la coordination imparfaite entre actrices et acteurs,

  • la qualité réelle des temps libres,

  • les conditions matérielles qui créent du confort ou du stress,

  • les interstices temporels où apparaissent les situations de harcèlement.

En décomposant le sujet, la Convention a fait ce que l’institution ne parvient plus toujours à faire : regarder au bon endroit. Pas sur le principe. Pas sur la doctrine. Pas sur l’héritage réglementaire. Sur l’expérience vécue.

Cette lucidité est la première raison pour laquelle les méthodes délibératives deviennent essentielles dans la fabrique de l’action publique.

 

2. La délibération produit de la cohérence

 

La deuxième force du dispositif : il reconnecte des mondes qui ne se parlent plus assez.
Les parents voient certaines choses, les professeurs d’autres, les élus encore d’autres, les collectivités d’autres encore. Mais ces perceptions s’agrègent rarement en une vision commune.

Le groupe citoyen a justement offert cet espace :

  • un lieu où les réalités se confrontent sans s’annuler,

  • où la complexité n’est pas évacuée,

  • où les paradoxes sont nommés,

  • où les tensions entre principes et contraintes sont assumées.

La cohérence qui en ressort n’est pas un compromis mou.
C’est une clarification :
→ ce qui est souhaitable,
→ ce qui est faisable,
→ ce qui est cohérent avec le bien-être de l’enfant,
→ ce qui doit changer dans l’organisation du temps.

C’est un gain considérable pour l’action publique.

 

3. La délibération produit du possible

 

La troisième force : elle ouvre des chemins que l’expertise seule n’aurait pas formulés ainsi.
Parce qu’elle part de la réalité.
Parce qu’elle articule les points de vue.
Parce qu’elle oblige à faire des choix explicites.

Les 20 propositions de la Convention — à lire dans le rapport ci-dessous — ne sont ni utopiques, ni technocratiques, ni déconnectées. Elles tiennent ensemble ambition et réalisme, principes et contraintes, quotidianité et vision longue.

👉 Lire le rapport complet

Ces propositions montrent une chose : quand on construit un raisonnement collectif, les idées changent — et le cadre du possible aussi.

 

4. Ce que cela change pour les institutions

 

Cette Convention pose une question simple : que faudrait-il pour que l’État traite davantage de sujets comme celui-ci ?

Parce qu’il y a ici un apprentissage institutionnel majeur : une méthode délibérative bien conçue ne “complète” pas la décision publique, elle la transforme.

Elle permet de :

  • sortir de l’étroitesse des approches techniques ;

  • repérer des angles morts que personne ne regarde ;

  • articuler des enjeux dispersés ;

  • produire du raisonnement avant de produire des mesures ;

  • clarifier les choix politiques ;

  • construire de la légitimité ;

  • anticiper les résistances et les impacts territoriaux.

C’est une transformation de la manière de penser ET de la manière de décider.

 

5. Ce que bluenove retient et ce que nous continuerons à porter

 

Aux côtés de Missions Publiques et Planète Citoyenne, bluenove a contribué à concevoir et accompagner cette démarche. Nous y avons vu tout ce que nous défendons depuis des années :

  • la puissance des démarches structurées,

  • la nécessité de formats exigeants,

  • l’importance du cadrage,

  • la valeur du débat réel,

  • la capacité du collectif à produire de la cohérence,

  • la possibilité de rouvrir des sujets trop familiers pour être encore bien compris.

La Convention sur les temps de l’enfant n’est pas “un exercice de plus”. C’est une preuve. La preuve que les méthodes délibératives sérieuses permettent à un pays de s’interroger autrement, plus justement, plus profondément.

Et c’est exactement ce que nous continuerons à porter : 👉 réinventer la décision publique en réintroduisant du réel, de la nuance, de la cohérence et du collectif là où l’institution s’est habituée à faire “comme d’habitude”.

Parce que lorsqu’on regarde un sujet autrement, les solutions changent — et la société aussi.

Crédits photos : CESE / Nicolo Revelli – SIPA, Katrin Baumann & Damien Carles – SIPA