Quand on parle de mobilisation, on serait tenté de dire qu’il est plus difficile de mobiliser le grand nombre qu’une communauté restreinte, en réalité cela dépend d’un certain nombre de choses. Si les personnes se mobilisent autour d’un sujet qui les intéresse ou qui a un impact fort sur eux, la mobilisation devrait certainement bien se passer. C’est le cas par exemple de la mobilisation des 107 millions d’électeurs russes lors des élections qui ont eu lieu en 2018. En revanche, si le sujet de fond ne les concerne pas directement, ou si cela n’est pas leur priorité d’intervenir ou de participer, il est probable que la démarche, ne soit pas aussi « participative » que prévue !
Vous êtes au cœur d’un écosystème que vous souhaitez mobiliser ? Vous amorcez un projet embarquant le plus grand nombre ? Vous êtes à la recherche de méthode(s), d’outils et d’astuces pour lancer et animer votre démarche ?
Sans prétendre établir un modèle générique de mobilisation ajustable en fonction du contexte, des situations et des porteurs de projets de mobilisation, cette première réflexion a pour objectif de donner des premiers éléments de réponse à ces questionnements :
- Comment concilier mobilisation massive en temps court et impact stratégique à long terme ?
- Quels leviers activer pour mobiliser le plus grand nombre de la manière la plus pertinente et efficace possible ?
- Y’a-t-il un plus court chemin de mobilisation ?
Nous allons voir point par point les leviers qu’il pourrait être intéressant d’activer pour favoriser une mobilisation efficiente dans le cadre d’un débat, d’une consultation ou encore d’une concertation.
Les parties prenantes
On ne peut parler de mobilisation sans adresser les personnes qui la composent et avoir une vision claire de leur rôle tout au long de la démarche.
Voici quelques propositions d’actions permettant de clarifier les moyens à mettre en place pour mobiliser l’ensemble des acteurs pertinents :
- Identifier les parties prenantes (formelles, informelles) pertinentes de l’écosystème à mobiliser. Les acteurs et communautés « informelle » sont au moins aussi importantes à mobiliser que les communautés « formelles » On pourrait les qualifier de communautés « fantômes » (ou « shadow » en anglais) car elles ne sont pas forcément officielles, connues de tous, mais pour autant, elles représentent un grand nombre d’individus partageant des convictions, des intérêts ou encore des actions communes. Par exemple, les (grands) rassemblements de personnes participant à des évènements externes (conférences, colloques, salons, etc.), aux « after-work » de l’entreprise ou encore à des évènements sportifs sont de véritables opportunités de mobilisation.
- Clarifier les moteurs de mobilisation pour mieux connaitre les raisons de participer de chacun (ex : envie, besoin, droit, devoir, etc.)
- Définir le rôle de chaque individu et de chaque communauté pour spécifier les actions qu’ils sont amenés à réaliser pendant la démarche
- Rétribuer (de quelque manière que ce soit) l’ensemble des contributeurs de la démarche pour valoriser la participation de chacun et renforcer l’effort de mobilisation
- Faire incarner la démarche par des personnes d’autorité reconnues, légitimes, et inspirantes ayant une capacité d’action et de décision forte dans l’écosystème
- Donner un rôle précis et détaillé au(x) sponsor(s) pour assurer une « tension » positive de mobilisation avant, pendant et après la démarche
- Identifier, « recruter » et former des acteurs qui porteront directement la démarche (ex : les animateurs et les volontaires)
Le dispositif global de mobilisation
La mobilisation est un sujet « boule à facettes » où la réalisation de certaines actions et leur bonne coordination est nécessaire pour mobiliser un écosystème et générer un maximum d’impact. Voici quelques propositions d’actions pour favoriser la bonne conduite de la démarche :
- Élaborer un dispositif global présentiel et digital et concevoir un modèle de gestion « hybride » des connaissances d’une part liées au projet et d’autre part produites pendant la démarche, en ligne (ex : plateforme de concertation) et en présentiel (ex : ateliers thématiques d’approfondissement) pour maximiser l’impact de l’intelligence collective et structurer le plan d’action concret à mettre en place après la démarche
- Déterminer un modèle économique de mobilisation et identifier les ressources indispensables. En effet, pour que le modèle de mobilisation soit efficace, il faut que les moyens humains, logistiques, économiques et de communication soit réunis. Par exemple, les participants doivent être au courant de la démarche (par une campagne de communication à grande échelle), ils doivent avoir connaissance des opportunités de participation et des moyens logistiques mis à leur disposition (rencontres physiques, supports de participation, etc.), elles doivent allouer du temps pour participer à la démarche, que ce soit sur leur temps de travail ou leur temps personnel, etc.
- Réaliser un plan de communication et de mobilisation pour voir la vision consolidée notamment des acteurs à mobiliser, des temps de mobilisation, des moyens de communication à activer, des messages à diffuser pour piloter finement la démarche globale et activer si nécessaire des actions de « re-mobilisation »
- Tenir compte des démarches de mobilisation en cours pour d’une part légitimer l’approche, montrer sa complémentarité avec les projets en cours et d’autre part capitaliser sur l’existant et réaliser des synergies pertinentes
- Déterminer les moments de mobilisation importants dans l’écosystème pour optimiser la participation de chacun
- Concevoir un modèle « hybride » d’animation des communautés (en ligne et en présentiel) adapté au projet pour favoriser la participation du plus grand nombre et la qualité des contributions
- Communiquer (si possible avant le lancement) sur les objectifs et résultats attendus de la démarche pour projeter les gens et donner du sens à la participation de chacun
- Connaitre les usages d’outils technologiques (ordinateur, téléphone, tablette) par chaque partie prenante pour une communication efficace et impactante et ainsi favoriser une participation par le plus grand nombre
Le cadre éditorial de la démarche
La thématique d’une démarche de mobilisation est en quelque sorte son cœur de réacteur.
Qui doit se sentir concerné par ce(s) sujet(s) ? Qu’est-ce qu’un sujet « débattable » ? Comment faciliter son appropriation par le plus grand nombre ?
Ces questions résument les points chauds à gérer de manière « chirurgicale », et voici quelques pistes de propositions pour mieux appréhender ce cadre éditorial :
- Identifier les thèmes et sujets pertinents à adresser dans le cadre de la démarche
- Élaborer un cadre éditorial « MECE » (MECE signifiant « mutuellement exclusif et collectivement exhaustif) pour favoriser une analyse rationnelle et efficace
- Utiliser les interfaces digitales (modules) les plus pertinentes pour répondre au mieux aux attentes et objectifs du projet de mobilisation
- Tenir un discours et partager des messages simples, cohérents, attractifs et « débattables » pour éviter toute forme d’incompréhension et faciliter l’appropriation du sujet par le plus grand nombre
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